Festival d’Avoriaz 1991, l’horreur était ailleurs

C’est du 12 au 20 janvier dernier que s’est déroulé le dix-neuvième Festival du cinéma fantastique d’Avoriaz. Les dates de cette manifestation indiquent tout de suite dans quel état d’esprit se sont déroulées les festivités. Dans la nuit du 16 au 17 janvier, l’horreur de l’écran s’est transformée en réalité et il n’y a rien d’original à dire que l’angoisse a envahi les âmes des festivaliers. L’ensemble des médias évoque le conflit à longueur de journée et notre but est plutôt de vous donner une bouffée d’air pur, de neige, de soleil et de cinéma.
guerre du Golfe
Car la guerre du Golfe relativise les problèmes d’intendance quasi habituels que nous rencontrons dans cette station exceptionnelle. Juste une phrase : que Pierre et Vacances fasse aussi bien son travail que les journalistes qui ont fait la renommée du festival et l’on pourra parler de réussite. Dix-neuf ans d’expérience, ça devrait commencer à payer… On pourrait évoquer longtemps les voyages, les chambres, les files d’attente lors des projections, etc. Passons. Heureusement, le spectacle continu et nous avons eu notre compte de films fantastiques dans tous les genres, du merveilleux à l’horreur. Dans le lot des treize films en compétition, il faut retenir «L’échelle de Jacob», le remarquable film d’Adrian Lyne («Neuf semaines et demie», «Flashdance», «Liaison fatale»), sorti en salles récemment (le Prix du public, c’est un peu léger), qui nous entraîne dans un univers glauque où se mêlent habilement rêves et réalité. Mentions spéciales aux «Ailes de la renommée», un film hollandais bien fi-, celé avec un excellent Peter O’Toole, et «Tales of the darkside», une série de sketches inspirée d’une série TV à succès, à la «Creepshow», fort bien mise en images.

White roomC’est le Grand prix 1991, et ce n’est pas immérité si l’on considère que de nombreux aspects du fantastique y sont traités. C’est aussi le cas de «Cabal» (notre dernière couverture) qui a obtenu un Prix spécial du fantastique intéressant. Il faut mentionner aussi «White room» pour son côté romantique, «Hardware» pour ses effets spéciaux, «A terracotta warrior», film de Hong-Kong, pour son extraordinaire fantaisie, et «Two evil eyes » pour sa mise en scène à deux mains signée Dario Argento et George Romero. Hors compétions, trois films ont retenu notre attention : «Moon 44», de la bonne science-fiction avec Michael Pare et Malcolm McDowell (aussi dans «Disturbed»), «The ambulance», du célèbre Larry Cohen, et «Arachnophobia», ou l’angoissante présence d’araignées tueuses, réalisé par Frank Marshall, le producteur habituel de Steven Spielberg. Dans la section «Les minuits d’Avoriaz» qui intéresse des films trop «forts» pour être diffusés en «plein jour», c’est «Henry, portrait of a serial killer» qui a créé la sensation. L’histoire, traitée comme un documentaire, d’un tueur en série laisse le spectateur dans un état d’angoisse plus qu’obsédant. Dans un style différent, il faut voir «Meet the feebles», sorte de «Muppets show» absolument démoniaque venu de Nouvelle-Zélande.

Dans cette avalanche de programmes, le jury, présidé par Michael Cimino (qui a remplacé à la dernière minute un Brian de Palma souffrant), a eu du mal à établir un palmarès équilibré. En tout cas, si ce festival est destiné à s’inscrire dans les annales, ce n’est pas uniquement grâce à une sélection que nous qualifierons d’assez moyenne. La présence du fantasque Helmut Berger, du mythique Malcolm McDowell et de l’hilarant Jean-Pierre Dionnet («Cinéma de quartier» sur Canal +, c’est une belle trouvaille) ont animé une manifestation où les stars ne se battaient pas au portillon. Ce vide était contrebalancé par l’arrivée en force des éditeurs vidéo qui, tel Antarès avec quatre films dans les différentes sélections, tel CIC Vidéo avec sa collection «Vendredi 13», tel Fil à Film avec sa collection «Au-delà du réel», et tel Proserpine avec la présence du fameux Freddy, prouvent une nouvelle fois, s’il en était besoin, que le cinéma et la vidéo font très bon ménage. Un ménage que nous retrouverons avec un plaisir non dissimulé pour un vingtième anniversaire qui s’annonce grandiose. Avec une colombe de la paix pour emblème…

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