19
Sep

La valse

Rupert Pupkin– Connaissez-vous Rupert Pupkin ?

– Robert quoi ?

Ah, comme il est difficile de porter un nom pareil, impossible à prononcer ou à écrire, quand on veut devenir «the king of comedy», le roi du rire ! C’est le sort du héros du dernier film de Scorsese, joué par son acteur-fétiche Robert de Niro, mais ce handicap ne suffit pas à le dissuader de tenter sa chance dans le show-business. Monumentale naïveté, incroyable obstination, phénoménale sûreté de soi, sont les trois mamelles de l’aspirant-vedette, qui répète tout seul, dans le secret de sa chambre, les calembours et bons mots qu’il croit absolument irrésistibles… Le rêve de Rupert, c’est de ressembler à Jerry Langford, un as du comique qui ressemble à Jerry Lewis comme deux gouttes d’eau, puisque c’est lui qui l’interprète. Malheureusement, Langford est un pro, un homme d’affaires dont chaque seconde est comptée, qui n’a pas de temps pour conseiller ou aider les débutants inconnus. Alors, la tension va monter, monter, monter, jusqu’au jour où Rupert tentera le grand coup : une action d’éclat, spectaculaire, pour que le pays tout entier découvre son génie. Complètement loufoque OU terriblement ordinaire, ce prétendant à la gloire ? Difficile à dire, c’est toute la richesse du personnage, que de Niro joue avec une habileté fantastique. Encore un de ces types extravagants, prêts à tout, au bord de la folie, que Scorsese et d’autres aiment nous montrer. Celui-ci est plutôt du genre inoffensif. A égale distance du pitoyable et de l’effrayant, de Niro avance sur la corde raide, et le film reste une brillante comédie en même temps qu’une réflexion très forte sur la solitude, sur la célébrité, sur le spectacle.